twitter

Tuesday 29 September 2015

Nouvelles substances psychoactives : mécanismes de toxicité et conséquences cliniques des consommations (à l’exclusion des cannabinoïdes de synthèse)

Volume 27, Issue 2, Supplement, June 2015, Pages S22–S23
23e congrès SFTA et 53e congrès STC


Objectifs

Les nouvelles substances de synthèse (NPS) ont profondément modifié la scène des drogues depuis 2007. Les cathinones et les cannabinoïdes de synthèse représentent plus des deux tiers des NPS. Les plus repérés en ligne en France sont le kratom, la Salvia divinorum, la méthoxétamine, la 5,6-methylenedioxy-2-aminoindane, la 5-Iodo-2-aminoindane (5-IAI), le benzofuran, la méthylènedioxypyrovalérone (MDPV), la 4-méthylethcathinone et la 2-méthiopropamine. Ces consommations ont de multiples conséquences somatiques, psychologiques, addictologiques et sociales. L’objectif de la présentation est de discuter les conséquences cliniques de la consommation des NPS les plus répandues, en détaillant les mécanismes de toxicité.

Méthodes

Revue de la littérature clinique et expérimentale.

Résultats

Les cathinones de synthèse sont des dérivés de la cathinone naturelle, alcaloïde psychostimulant contenu dans les feuilles de khat (Catha edulis) et présentant une structure dérivée β-cétone de l’amphétamine. Les cathinones augmentent la concentration synaptique des monoamines par inhibition de recapture en bloquant leur transporteur spécifique ou en augmentant leur libération pré-synaptique. Les effets recherchés sont l’augmentation de la sociabilité, l’empathie, l’euphorie, la performance sexuelle et l’augmentation des capacités au travail. L’injection IV ou « slam », parfois compulsive, de cathinones dont la méphédrone, le MDPV et la pentédrone, est pratiquée au cours de soirées sexuelles marathons. Les risques sont la survenue d’attaques de panique prolongée, d’état délirants aigus, d’hallucinations, de paranoïa, d’idées suicidaires et de troubles cognitifs. De nombreux arguments expérimentaux et cliniques suggèrent que certaines cathinones ont un potentiel addictif significatif (dépendance, craving, sevrage, anhédonie prolongée). La toxicité aiguë associe tachycardie, douleurs thoraciques, hypertension, anomalies à l’ECG, hyperthermie, mydriase, bruxisme, douleurs abdominales, vomissements, céphalées, coma, œdème cérébral, convulsions, tremblements, syndrome sérotoninergiques, parkinsonisme, troubles électrolytique comme l’hyponatrémie, rhabdomyolyse, insuffisance rénale aiguë et défaillance multi-organe à l’origine du décès. Le kratom (Mitragyna speciosa) contenant de nombreux alcaloïdes dont la mitragynine et le 7-hydroxy-7H-mitragyine, exerce des effets antinociceptifs, mais aussi un risque de dépression neurologique et respiratoire central. La Salvia divinorum, contenant la salvinorine, agoniste opioïde kappa, entraîne une forte dissociation et des hallucinations psychédéliques. La méthoxétamine, anesthésique dérivé de la phéncyclidine, avec une forte affinité pour les récepteurs NMDA et opioïdes mu, est à l’origine de confusion, distorsion temporelle, aphasie, vertiges, agitation psychomotrice, synesthésies, syndrome cérébelleux, addiction et lésions vésicales en cas de consommation répétée. Les phényléthylamines dont le 5-IAI et les dérivés N-méthoxybenzyl- ou NBOMe, utilisés comme psychodysleptiques empathogènes, sont responsables d’agitation psychomotrice, d’attaques de panique, de tachycardie, de céphalées, d’hallucinations persistantes et déréalisation.

Conclusion

La consommation de NPS est à l’origine d’un grand éventail de toxicités, pouvant conduire aux urgences ou en réanimation. Il est nécessaire de développer un réseau national associant urgentistes, médecins des centres antipoison, addictologues, épidémiologistes et analystes pour mieux identifier ces NPS, comprendre les tableaux cliniques toxiques et renforcer la prévention en informant les usagers des risques encourus.